29 mai 2017

Carnets de Papouasie #4

Le dessin comme passeport dans les villages papous côtiers et forestiers

Plus d’une fois, notre pirogue nous emmène dans des lieux où peu d’Occidentaux ont mis les pieds avant nous. Même dans les endroits les plus reculés, il y a des traces de vie humaine : chemins papous discrètement marqués pour la chasse, jardins de bananiers et papayers sur les berges des rivières… De minuscules villages papous ne sont jamais très loin. Les habitants nous attendent sur la berge, l’air un peu surpris de nous voir débarquer, mais s’attendant à ce qu’on vienne se présenter. En région papoue en effet, la nature n’est pas à la disposition de tous. En terre papoue, l'espace appartient toujours à quelqu'un, que ce soit sur mer ou sur terre, et pour avoir le droit de jeter l’ancre, de plonger ou même de se promener en forêt, il faut en référer au chef du village et obtenir son accord préalable.




A chaque nouvelle étape, il faut faire connaissance, expliquer pourquoi nous sommes là, demander l'autorisation d’arpenter la forêt, et solliciter leur aide et leur expérience pour trouver les meilleurs sites d’observation des oiseaux.
L’accueil est généralement souriant et volontaire, mais souvent, se poser et réaliser un dessin en guise d’introduction et utiliser le guide des oiseaux de Nouvelle-Guinée pour leur demander ce que l'on trouve dans leurs forêts, aide à détendre l’atmosphère et à se faire accepter.

Dans ces situations, lors des premières minutes, nous nous sentons en complet décalage culturel, un peu comme au temps de Wallace probablement…








Expérimenter la « rainforest »


29 décembre 2016 : 
Nous remontons la rivière Gam en pirogue de bois, pour aller observer le Paradisier petit-émeraude en forêt. Agus est notre guide papou, qui sait exactement où les observer. Nous sommes partis par une belle journée, sans trop se méfier, mais allons apprendre à nos dépens que la « rainforest » ne porte pas ce nom pour rien… car ce sont des trombes d’eau qui s’abattent bientôt sur nous, mettant en danger le matériel photographique des uns et des autres…
Note pour plus tard : En Papouasie, les sacs étanches sont indispensables à la survie de son matériel électronique !
Nous avalons notre pique-nique debout dans la rivière, il est rincé à grande eau par la pluie. Nous traversons à pied la rivière qui monte à vue d’œil, et l’eau remplit les bottes en caoutchouc, et quelques uns manquent de tomber à l’eau. Nous suivons Agus dans la forêt détrempée, dans une montée glissante sur un sol boueux. Lui avance pieds nus ! La végétation luisante redonne tout son mystère à la forêt. Nous parvenons trempés jusqu’aux os dans sa case de chasseur papou, maison en bois sur pilotis avec tout le confort qu’on peut attendre.
L’observation du paradisier petit-émeraude ne sera pas pour aujourd’hui, mais à l’abri de la pluie équatoriale, nous faisons griller des bananes au feu de bois, tentons de sécher, admirons les différentes formes de flèches taillées pour la chasse par Agus… Certaines sont destinées à des cibles humaines… dans l’éventualité de guerres inter villageoises, mais Agus assure n’avoir jamais eu à s’en servir. Sa dernière proie, c’était un kangourou !
Je dessine le portrait d’Agus avec les doigts tellement ramollis d’eau que je ne dois pas effleurer le papier.




8 commentaires:

  1. C'est vraiment magnifique, quelle chouette expédition !

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  2. *vive le dessin qui permet les échanges (et quels dessins !les veinards ils doivent apprécier :o) bravo c'est magnifique)

    ** ben dis donc que d'aventures
    inoubliables! ça c'est certain
    et des liens entre vous pour toujours aussi
    merci +++ de partager cela avec nous Stéphanie
    quel enrichissement

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  3. Passionnant voyage, passionnante expérience !

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  4. Bonjour Stéphanie,
    C'est vraiment passionnant de découvrir votre expédition dans les villages papous.
    Des rencontres passionnantes et des dessins magnifiques.
    Merci pour la découverte.
    Bonne journée
    martine

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  5. Superbes ces portraits! Bises

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  6. C’est passionnant, depuis la précision et la beauté de vos dessins et peintures jusqu’au récit !!! Merci pour ce beau voyage ! aquarellement,Isabelle ( isabellenicolasmaignan.wordpress.com)

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  7. Je retrouve dans ton récit et tes dessins de merveilleux moments passés en Amazonie il y a presque 10 ans maintenant... Merci ! Ce que j'aime dans la pluie tropicale, c'est qu'avant de la sentir... tu l'entends arriver... je trouve ça magique.

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