04 mai 2013

Lingappa

Lors de mon séjour en Inde, j'ai craqué sur le petit Lingappa, un enfant de la tribu des Kurubas. Les Kurubas sont parmi les plus anciennes communautés habitant l'Inde. Ils vivent encore entre eux, isolés dans des petits villages plus que modestes, et oubliés par la modernité. En fait, ils sont rejetés par le reste de la société indienne et font partie de la caste des intouchables. L'alcool et le cannabis font des ravages dans leurs populations...

J'ai côtoyé certains d'entre eux lors de mon séjour dans le Karnataka, car ils aidaient aux soins quotidiens des éléphants de la famille qui m'accueillait. La plupart des Kurubas ont des existences émaillées de drames, et celle de Lingappa n'est pas beaucoup plus reluisante. Lingappa veut être mahout plus tard, c'est-à-dire s'occuper des éléphants. En escaladant l'un d'entre eux, il était tombé et s'était cassé tibia et péroné. Lorsque Prajna et Philippe, le couple qui m'accueillait, s'en est aperçu, la jambe de Lingappa s'était déjà ressoudée, mais de travers, avec un angle. Dans sa famille, personne ne l'avait fait soigner et il s'apprêtait à passer une vie d'infirme. Prajna et Philippe l'ont emmené en ville et pris en charge l'opération, pour ressouder les os dans le bon sens.

Lorsque je suis arrivée, cela faisait plusieurs semaines que Lingappa attendait, assis avec son plâtre, que sa jambe se répare. Il était assez renfermé et je n'avais aucune langue en commun avec lui pour entrer en contact.




Le dessin a été un bon moyen de l'apprivoiser au début.




Ojas, la fille de Prajna et Philippe, s'est mise à le dessiner avec moi, aussi. Et comme elle parle aussi son dialecte, le kannada, c'était plus simple !





Les derniers jours de mon séjour correspondaient à la date de retrait du plâtre ! Nous avons donc pris la route de la ville, pour l'emmener à l'hôpital... Marrant d'imaginer que c'était seulement la seconde fois qu'il prenait un ascenseur ou un escalator, visitait un centre commercial, ou un parking souterrain, lui qui n'était jamais sorti de sa forêt !

Et comme sa jambe était encore un peu fragile pour marcher, je le portais sur mon dos lors de notre périple en ville. Je me suis régalée de regarder les Indiens bloquer sur une fille blanche portant sur son dos un petit intouchable...

En tout cas il avait bien retrouvé le sourire...



 "Lingappa" - 40x40 cm

  "Lingappa" - 40x40 cm

J'ai peint sur du papier artisanal indien acheté ce jour-là dans une espèce de caverne d'Ali Baba remplie de papiers jusqu'au plafond. Moi qui maroufle mes toiles avec du papier  pour ne pas avoir le grain de la toile, voilà que ce papier épais a justement un grain de... toile.

11 commentaires:

  1. Belle métamorphose ! et cela doit être un merveilleux souvenir !

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  2. fantastique histoire
    merci pour le partage de ces échanges

    et oui la transformation avec le sourire est "remarquable"(je ne trouve pas le terme désiré)

    merci ♥

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  3. Brigitte Ardeche5 mai 2013 à 09:07

    Magnifique récit ; un excellent partage !!!!
    Bon WE

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  4. Magnifiques dessins, mais aussi magnifiques photos... La suite, la suite !!

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  5. Ce qu'ils sont mignons ces deux-là !
    Je ne laisse pas souvent de commentaires mais je suis votre travail assidûment, rêvant un jour de pouvoir m'offrir l'un de ces jolis portraits.
    Bon dimanche.

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  6. Wooooow magnifiques portraits.

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  7. magnifiques portraits et reportage ! merci

    Véronique

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  8. Superbes portraits, les enfants sont superbes, ça aide !

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  9. Un sourire qui fait plaisir à voir et des dessins trop jolis !
    Merci

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  10. Je me régale devant la belle histoire et bien-sûr les très belles peintures !

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