26 juillet 2015

Chez les Datogas

L'ethnie des Datogas, en Tanzanie, est connue pour les scarifications que se font les femmes autour des yeux... en forme de lunettes !
Les incisions sont faites avec un couteau très aiguisé, et aux dires de toutes, c'est une épreuve très douloureuse. Pourtant rien d'obligatoire à cette tradition. Les femmes choisissent de le faire par coquetterie.
Pour autant, une ado à qui je demande si elle compte s'en faire faire, se dépêche de dire "surtout pas !"

Cette femme n'avait pas les scarifications les plus spectaculaires du village, mais j'aimais son regard doux et intense, alors c'est elle que j'ai choisi de dessiner.

Un beau portrait d'Eric Lafforgue

J'ai commis l'impair de lui demander son nom. Chez les Datogas, on n'appelle pas les personnes âgées par leur prénom. Dès que quelqu'un est en âge d'être parent, on l'appelle "mère de ..." ou "père de ..."

Heureusement, elle a pris ma bévue avec le sourire !

Les Datogas sont connus dans la région pour être d'excellents forgerons. D'ailleurs, nous sommes invités à visiter la forge.
Le forgeron y fabrique ces sublimes bracelets en laiton gravé, que j'ai tout de suite repérés sur les poignets des femmes Datogas.
On assiste à leur fabrication... ce sont des robinets en laiton qui sont récupérés et fondus dans un creuset, avant d'être coulés. Qui aurait cru que de vulgaires robinets fassent d'aussi beaux bijoux ?



Le forgeron est également très habile pour confectionner des pointes de flèches, de différentes formes et calibres, en fonction des animaux auxquels elles sont destinées.

L'ethnie voisine, les Hadzabe, sont des chasseurs cueilleurs apparentés au Sans (bushmen) de Namibie. Ils mènent une vraie vie ancestrale, et chassent encore toute leur viande à l'arc. Ils sont de grands consommateurs de pointes de flèches Datogas. Datogas et Hadzabe sont ainsi devenues 2 ethnies très amies, liées par le commerce de ces outils indispensables à la survie.




Impossible de quitter l'atelier du forgeron sans rapporter des bracelets... 

Depuis mes récents voyages sur le continent africain, j'ai entamé une collection de ces bracelets en laiton qui sont différents dans chaque ethnie. Ethiopie, Namibie, Kenya... Et aujourd'hui, Tanzanie ! Les Datogas semblent être les experts du pays en matière de bracelets en laiton.





Je me fais donc poser 3 nouveaux bracelets en laiton bien patiné, à la méthode locale : Ils sont refermés sur le bras, à la massette, et deviennent inamovibles si on n'est pas outillé.


Attention, Monsieur le forgeron... Tout doux, c'est mon bras du dessin !


Pour celles qui se poseraient la question : 
Non, ce n'est pas si inconfortable, c'est une question d'habitude. 
Non, ça ne gêne pas pour dessiner.
Non, je n'ai pas eu le bras cassé.
Et non, ça ne sonne pas à l'aéroport !

7 commentaires:

  1. merci pour toutes ces infos !
    bonne semaine

    RépondreSupprimer
  2. Le laiton et un beau métal, je trouve, sa couleur est un peu ambigüe, il se travaille bien.
    Voilà une rencontre de premier ordre : avec les artisans locaux, pour peu qu'on s'intéresse vraiment à leur travail (pas juste pour acheter un "truc à ramener", permet les échanges plus riches...
    ça devait être un bien beau voyage...

    RépondreSupprimer
  3. Merci Stéphanie pour tous ces commentaires autour de ton oeuvre à toi, c'est vraiment très enrichissant !

    RépondreSupprimer
  4. C'est beau ce que vous faites. J'ai fait votre connaissance hier soir à Envoyé Spécial.
    Merci de m'avoir fait découvrir les " Carnets de Voyages "

    RépondreSupprimer
  5. bonjour,
    Bravo pour la qualité, la simplicité et la profondeur de vos portraits ! les regards et les sourires échangés avec vos " modèles" .....un pur bonheur !

    RépondreSupprimer
  6. Mais oui ça fait du bruit tout le temps! Même en plongée!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais c'était bien pratique pour prévenir la palanquée qu'il y avait une manta !

      Supprimer