Au puits chantant - KENYA
- 18 juin 2014
Notre guide nous explique : « You know people
here, they are very coward. These morans, they are not supposed to stay with
women. Thay had no rest fo long time ».

Nous rencontrons Lpaayon et Larawan dans les conditions d’un
conte : Fin de journée orangée, le soleil va bientôt se coucher. Lpaayon et
Larawan amènent leur troupeau de dromadaires assoiffés au puits, dans un décor
d’oasis.
Selon la tribu Rendille, les chameaux peuvent ne pas boire
pendant 12-13 jours. Par contre, ils ne cachent pas leur frénésie en arrivant à
l’oasis… Le ventre maigre, ils courent sur les derniers mètres, toutes pattes
lancées et désynchronisées, oubliant temporairement leur démarche digne,
chaloupée et altière de dromadaires, pour galoper toutes pattes lancées
n’importe comment. Ils arrivent sveltes et repartent GONFLES comme des
outres !
Lpaayon et Larawan sont moranes, c’est-à-dire dans une tranche
d’âge où ils sont guerriers. Après la circoncision, mais avant le mariage.
C’est leur rôle de protéger les troupeaux, et de tirer l’eau du puits avec les
autres moranes. Ils font une chaîne qui se passe les seaux en chantant pour se
donner le rythme, d’où le nom de puits chantant.
Photo : Eric Lafforgue
Larawan, comme tout morane, est coquet comme une fille. Sur le
haut des oreilles, des boucles en perles qui forment 2 petites cornes. Dans le
lobe étiré de l’oreille, une petite boîte de tabac à priser ! Pour tirer
l’eau du puits, il a relevé ses longues nattes en chignon.
Les moranes ne sont pas censés passer du temps avec les filles.
Ils ont le droit d’avoir des girlfriends, mais pas de manger en présence de
filles.
Au début, ça a amusé Lpaayon et Larawan de poser pour moi, mais
le regard du public improvisé les a gênés, car il y avait aussi des filles dans l'assistance, qui ont commencé à railler. Le
coin est très rural et les gens ne plaisantent pas avec la tradition.

Photo : Eric Lafforgue