24 mai 2017

Carnets de Papouasie #3

Entre terre et mer… Tenter le dessin sous-marin…


Les centres d’intérêt de l’expédition se partagent entre milieu terrestre et milieu aquatique…
Le plus dur, le matin, c’est de choisir si j’enfile une combinaison de plongée ou des bottes en caoutchouc !
Nous plaisantons de notre syndrome de « FOMO » (fear of missing out), une expression anglophone qui traduit bien la peur de rater quelque chose qui se passe là où on n’est pas, alors même qu’on est en train de vivre autre chose, même fabuleux !
L’intuition me mènera souvent au bon endroit, même si je ne me remettrai jamais vraiment d’avoir loupé les pigeons couronnés, et un requin tapis barbu géant (wobbegong) de quatre mètres de long !

Pour dessiner sous l’eau, j’ai préparé une petite tablette et un bloc de feuilles résistant à l’eau.
Le plus difficile, c’est de se stabiliser, les jours où le courant est fort.
J’apprends vite à repérer les espèces de poissons qui se laissent dessiner. Et il y a tous ceux qui sont trop rapides, les timides qui se cachent sous les patates de corail, les malins qui se présentent sous leur côté le plus plat (les poissons anges souvent)…
Et toutes ces fois où l’émotion est trop forte pour être concentrée correctement sur mon dessin (comme cette plongée avec les raies mantas par exemple).

Peu de fois je suis satisfaite des dessins que je ramène à la surface, mais bien qu’imparfaits, ils sont chargés de l’authenticité de la plongée. Alors pour les compléter, je me servirai des photos de Tof, de Jonathan, de Julien ou d’Emilia, pour faire des planches colorées qui me satisferont davantage.


Photo : Jonathan Hullot


Photo : Jonathan Hullot




Dessiner immergée dans une soupe de méduses


28 décembre 2016 :
A Misool, au cœur d’une minuscule île karstique, nous découvrons un endroit insoupçonné de l’extérieur, et un peu secret… Un lac intérieur, d’eau salée, contenant des méduses qui s’y reproduisent depuis tellement longtemps, sans le moindre prédateur, qu’elles ont fini par perdre leur pouvoir urticant.
Il y a seulement 7 lacs à méduses dans le monde, dont 5 en Indonésie.

Ces méduses endémiques sont symbiotiques d’algues zooxanthelles et ne se nourrissent que… de la lumière du soleil !

Après une marche assez acrobatique dans les karsts, nous nous immergeons dans l’eau tiède du lac, sans les palmes, au milieu de millions de méduses gélatineuses et délicates. Elles se touchent quasiment toutes, et nous nous devons nous mouvoir très lentement pour ne pas les blesser, car elles sont fragiles autant que délicates.
Leur densité est telle, que mon premier sentiment oscille entre fascination et répulsion. Je m’installe pour les dessiner avec mon matériel aquatique, et m’habitue à cette drôle de sensation de les sentir pulser doucement contre ma peau. Elles sont tellement nombreuses qu’elles obscurcissent parfois la feuille !


Photo : Jonathan Hullot



à suivre...

6 commentaires:

  1. fantastique merci

    ps moi je n'aurais pas regretté le requin du tout !!

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  2. Superbe planète ! C'est un autre univers que tu nous fait visiter ! j'adore !

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  3. Chouette article et intéressant (d'autant plus pour une autre plongeuse !) ! J'aime beaucoup la planche au crayon avec les méduses. Je ne savais pas qu'il y avait si peu de lacs à méduses dans le monde... tu as du savourer d'autant plus le moment !
    J'imagine que le dessin sous l'eau c'est comme la photo, tu loupes parfois des trucs qui se passent autour alors que tu es concentrée sur ce que tu fais, et tu dois aussi avoir des compagnons de palanquée sympas et patients ! ;-)

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    1. Oui ça nécessite d'être rapide, donc d'aller à l'essentiel ! Heureusement qu'il y avait toujours quelqu'un d'attentif pour m'alerter quand je loupais quelque chose d'intéressant... Et puis je plongeais souvent avec un photographe qui faisait de la macro, et était encore plus lent que moi en dessin ! (capable de passer les 2 heures de sa plongée sur 1 patate)

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  4. Superbe article, et j'ai découvert qu'on pouvait dessiner sous l'eau ?
    pas vraiment pour moi (peur des profondeurs) mais impressionnant à admirer en photo, bravo !

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  5. C' est magnifique Stéphanie, la nature végétale et animale et toujours tes visages expressifs, tout y est, impatient d' avoir le livre devant mes yeux !

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